Neige et grand froid en Anatolie
Salut, salut!
Depuis deux semaines que nous vous avons laissé, vous avez vu l'hiver poindre le bout de son nez... mais nous ne sommes pas en reste en Turquie. Au thermometre -15 ou -20, neige dans tout le pays (meme a İzmir, pas vu depuis 10 ans), voitures dans le bas-côté, chauffeur de bus qui se prend pour un pilote du Trophée Andros, etc... D'un côté on adore cette atmosphere puisque ça magnifie et rend silencieux les paysages, de l'autre on gele sur place (et encore on n'est pas a vélo!!).
On quitte Ankara sans visa pakistanais mais avec le moral au top : apres de supers soirées dans les bars, des bouffes mémorables comme la "Turkish Raklet" et une bonne semaine de repos (merci encore a Nicolas)...on file avec entrain vers une région qui fait la renommée de la Turquie : la Cappadoce.
Toujours pas pressés par le temps, nous y restons une semaine, ce qui nous a permis de nous ballader largement, de découvrir des gens, des lieux et de comprendre un peu mieux l'histoire locale. La Cappadoce signifie "le pays des chevaux magnifiques", c'est pourquoi on peut y voir de nombreux caravansérails en référence a sa position stratégique sur la route de la Soie. Mais ce qui fait sa renommée aujourd'hui sont plus ses paysages irréels dus a l'érosion d'un mélange de roches et de cendres volcaniques (éruption de deux volcans simultanément). Les vallons érodés et les cheminées de fées ont été creusés par l'homme au fil des siecles tout d'abord pour servir de cachettes aux chrétiens et par la suite utilisés comme habitations ou pigeonniers par les locaux. L'album photo parlant de lui-meme, nous n'allons pas détaillé chaque endroit merveilleux qui s'est offert a nos yeux.
Nous commençons notre séjour au coeur du sujet en logeant dans une cave creusée dans la roche, chez Claudio, un couchsurfer d'origine italienne qui a posé ses valises a Urgup. Grace a lui et a ses bons conseils, nous débutons notre découverte en arpentant les vallées avec sa regle d'or : "Ou que vous irez, ça sera beau et vous serez dépaysés...pas besoin d'aller a tout prix dans les places touristiques". Apres un premier jour sous le soleil, la neige nous accompagne pendant le reste de la semaine, révélant parfois davantage les paysages. Evidemment, nos pieds en ont souffert aussi, surtout quand les températures sont tombées sous les -15 degrés. Apres 4 jours chez Claudio dans sa cave non chauffée (vivre dans la roche donne une température constante autour de 10 degrés), nous trouvons un nid douillet bien chaud creusé dans une cheminée de fée a Göreme.
Migrer d'Urgup a Göreme nous a rapproché du coeur touristique, avec tous ses inconvénients. Depuis les années 80-90, ce village a tout axé sur le tourisme avec ses agences de tourisme, ses locations de quads et motos, ses tours en montgolfieres et ses nouvelles cavités creusées dans la roche pour en faire des hotels. Nous nous estimons heureux d'y etre en basse saison et sous la neige pour pouvoir vadrouiller dans les vallées seuls et sans un bruit, un réel bonheur de se dégourdir les jambes et de se retrouver dans la nature apres toutes les villes que nous avions visitées. Quoi qu'il en soit, la Cappadoce reste un lieu magique qui mérite d'etre arpenté, par les adultes pour son histoire et ses randonnées et par les enfants pour son incroyable source d'imagination (ville souterraine, village de Schtroumpfs, habitat troglodyte...).
Par la suite, souhaitant découvrir une autre facette de la Turquie, nous sommes finalement partis dans l'Est de l'Anatolie pour une semaine dans le Kurdistan. Nous commencons notre visite par Urfa, métropole régionale, pas aussi belle qu'on nous l'a dépeinte. Nous y trouvons quand meme une petite consolation en allant découvrir Harran, un village a la frontiere de la Syrie, et son architecture typique en termitieres (voutes en briques couvertes de glaise). Nous prenons ensuite la route vers Mardin, une vieille ville faite de ruelles étroites et de maisons en pierre ornementées qui s'étagent a flanc de colline. Dommage que le temps pourri ne nous quitte pas, nous visitons dans le brouillard les pieds congelés. Comme en France aujourd'hui, la Turquie a connu une grande vague de froid ; seule différence qui nous sépare, ici le chauffage n'est pas généralisé : tantot un poele au bois et charbon, tantot un convecteur électrique inefficace de type brasero sur un terrace.
Mais nous ne nous laissons pas abattre, nous filons vers la ville la plus kurde du pays : Diyarbakır. Nous y restons trois jours, accueillis par Francesco et Marika, des volontaires internationaux dans des associations locales. Finalement, nous apprécions cette atmosphere plus orientale, ce mode de vie plus proche du Moyen Orient que de l'Europe. On croise des hommes en habits traditionels (pantalon sarouel et turban), des femmes aux costumes colorés, on assiste aux chants des "Dengbej" (chants traditionels kurdes a capella) et on découvre une architecture particuliere (alternance de basalte et de pierre blanche). Du fait de sa situation et malgré les tensions ambiantes relatives a la place de la minorité kurde en Turquie, il est beaucoup plus facile et intéressant d'ouvrir le débat politique. Pas un jour sans que nous soyons invités a nous prononcer sur les sujets d'actualité : le PKK est-il un parti terroriste? Sarkozy est-il un bon président? Le génocide arménien a t-il eu lieu?... Tout cela donne bien envie d'aller plus vers l'Est!
Lors de cette derniere quinzaine, nous avons aussi feter nos trois mois en Turquie et nous vivons réellement comme des turcs : Gabriel fume du tabac kurde (15 euros le kilo!!) avec du papier de Damas sans collant, nous mangeons épicé avec du yaourt, nous buvons des cay a longueur de journée, on grignote des graines de tournesol en vous écrivant, on joue toujours autant au tavla et on apprend aux étrangers...
Trois mois, cela veut dire aussi qu'il nous reste un peu moins de trois semaines pour quitter le pays. Nous sommes de retour a Izmir depuis 2 jours ou nous avons retrouver nos amis et Grigri. Nous reprenons petit a petit le vélo sans savoir pour l'instant comment nous repartirons d'ici une semaine. Nous vous tiendrons bien sur au courant de notre décision.
On vous embrasse,
Ne prenez pas trop froid...
Et comme toujours le lien vers l'album photo : 016. Neige et grand froid en Anatolie